Actualités

Cigarette électronique : un groupe girondin mise sur la vape responsable et militante

VDLV, producteur de liquides pour cigarettes électroniques a fait le pari de la chimie responsable et d’une vape militante pour se hisser au second rang des Hexagonaux.

Article original de Pascal Rabiller pour Sud-Ouest

Le bâtiment blanc posé en bordure de la départementale 1250 à Cestas (33) est impressionnant. Derrière les façades d’un ancien centre logistique de La Poste, transformé en usine moyennant 14 millions d’euros d’investissement et onze mois de travaux, le groupe met au point de l’e-liquides, comprenez des liquides alimentant les cigarettes électroniques.

Difficile de croire, au cœur de ces 14 000 m² où s’activent 135 collaborateurs, qu’il y a seulement huit ans c’est tout seul et sur le bout d’une paillasse d’un laboratoire de l’université de Bordeaux que Vincent Cuisset, ingénieur en instrumentation, décidait de se lancer dans la fabrication de ses liquides. Aujourd’hui, la société réalise 18 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, en hausse permanente depuis la création. Chaque mois, la société girondine produit 30 tonnes de liquides. De ses chaînes de production sortent 1 million de flacons en PET recyclés et européens dont les bouchons et compte-gouttes sont produits en France.

« Dès le départ la motivation était de mettre au point des produits rassurants, les plus naturels possible »

Dans un laboratoire ultra-sécurisé des « nez » travaillent de manière plus artisanale sur la mise au point des nouveaux parfums que la société girondine proposera à ses clients, mais pas seulement. En effet, ces experts répondent aussi aux demandes de la vingtaine de sociétés du secteur pour lesquelles VDLV produit aussi en « marque blanche. »

À côté des chaînes de production, tout près de « l’arômathèque » qui constitue la richesse du producteur d’e-liquide, une imprimerie intégrée à son unité tourne à fond pour réaliser en flux continu 9 452 étiquettes différentes en fonction des langues – la production est écoulée dans une trentaine de pays –, des références, des arômes et des dosages de nicotine.

VDLV figure désormais au second rang des producteurs français. À première vue donc, tout a changé en huit ans, mais en réalité l’essentiel est toujours là.

Le pari de rassurer

Le groupe a construit son modèle économique sur un choix audacieux : imposer une vape à la fois militante capable de s’imposer comme une alternative sûre à la cigarette, responsable sur les plans sanitaire et environnemental. « Dès le départ la motivation de Vincent était de mettre au point, pour lui d’abord, puis pour nos clients, des produits rassurants, les plus naturels possible, afin de contrer, par la recherche, le contrôle et les analyses, une vape qui, depuis son origine, fait l’objet de remises en cause régulières », explique Charly Pairaud qui, avec Vincent Cuisset, dirige le groupe.

« Nous contrôlons en permanence l’origine des produits qui entrent dans la composition de nos références,

nous sommes le seul acteur européen du secteur qui produit et intègre une nicotine extraite de feuilles de tabac locales (lire ci-dessous). Par ailleurs, nous participons activement, par la recherche fondamentale, à lever les doutes qui pèsent encore sur une vape dont on sait, en l’état actuel des études, qu’elle est la meilleure porte de sortie du tabagisme », assure ce dernier.

Une de ses filiales, Ingesciences, laboratoire de R & D (lire par ailleurs), mobilise une équipe de chercheurs autour des produits de vaporisation pour VDLV bien sûr, mais aussi tous les acteurs de la vape, de la cosmétique, de l’agroalimentaire, de la santé humaine ou animale qui en font la demande.

Grâce à ses deux marques certifiées Afnor, « Vincent dans les Vapes », première marque française proposant uniquement des arômes naturels et « Cirkus » qui intègre aussi des arômes de synthèse, VDLV est présent dans 1 800 des 3 000 boutiques que compte la France, pays où l’on recense actuellement 3 millions de vapoteurs réguliers… Contre 14 millions de fumeurs.

Une aubaine pour la tabaculture

En 2017, la société VDLV a fait le choix de maîtriser son approvisionnement de nicotine (produit qui, contrairement à beaucoup d’idées reçues, s’il provoque une addiction n’est pas cancérogène) en travaillant avec des tabaculteurs locaux en manque de débouchés. Soutenue par la Région Nouvelle-Aquitaine, la société a effectué, avec une équipe d’ingénieurs agronomes de Bergerac (24) une expérimentation sur cinq hectares pour mettre au point un tabac fortement dosé en nicotine. Il faut 30 à 40 kilos de feuilles de tabac pour obtenir 1 litre de nicotine pure. L’extraction est effectuée dans l’usine de Cestas en Gironde, via un procédé permettant de ne pas utiliser de solvants chlorés contrairement à ce qui se fait en Chine, Inde et aux États-Unis, les premiers producteurs mondiaux de nicotine.Sous l’impulsion de leur fille, Julie, les tabaculteurs de Mondane (24), la famille Pelet, figure parmi les premiers à avoir tenté l’expérience. « Cette culture du tabac réservée à la nicotine de la vape m’offre une vraie source de rémunération intéressante », confiait Julie Pelet à « Sud Ouest » en juin 2019. Visiblement, ce programme agronomique innovant n’a pas tardé à séduire d’autres producteurs. Désormais, 52 tabaculteurs de Dordogne, Auvergne, Charente et Corrèze cultivent pour VDLV. L’été dernier, 62 hectares ont été récoltés.Cette nicotine locale est désormais intégrée dans la totalité de la production d’e-liquide nicotiné des marques de VDLV, « Vincent dans les vapes » et « Cirkus ».

Ingésciences, labo de la vape mais pas que…

Parmi les filiales de VDLV installées dans les 14 000 m2 de son usine de Cestas figure, aux côtés de VapOclOpe, Distrivape, ou encore de la société de tuyauterie industrielle EMI, une société qui joue un rôle essentiel dans l’histoire du fabricant de liquides de vapotage. Il s’agit d’Ingésciences, un laboratoire qui trouve son origine dans celle du Laboratoire français du e-liquide (LFEL) entité créée par VDLV.Désormais rebaptisée et devenue filiale du groupe, Ingescience mobilise une équipe de huit ingénieurs aux compétences différentes et complémentaires allant de la biologie à la biochimie et de la thermodynamique à la chimie.Cette équipe est dirigée par un docteur en biologie, Sophie Maria. Une grande partie de son activité consiste à analyser les produits de VDLV et à assurer sa recherche et développement dans les produits de la vape. Mais Ingéscience qui dispose d’outils uniques, à l’image de ses robots vapoteurs U-Save qui reproduisent les comportements des utilisateurs de cigarettes électroniques, analyse aussi les liquides d’autres producteurs français souhaitant éprouver leur production.Des robots, des cellulesCe sont ces robots et leurs résultats qui ont mis en évidence la dégradation, quand elle était portée à température de vaporisation, de la sucralose qui a un temps fait partie des ingrédients qui entraient dans la composition des e-liquides et qui est désormais bannie de la production française sous norme Afnor. U-Save a également permis de trouver une alternative à cette molécule.Dans le laboratoire de 2 000 m2 en atmosphère protégé, l’équipe d’Ingésiences développe un outil unique au monde. Un incubateur cellulaire dédié à la vaporisation.« Cet outil, baptisé VapEcell qui sera au point dans quelques mois doit nous permettre d’observer avec précision l’impact de toute vaporisation sur les cellules, comme celles du poumon, explique Sophie Maria.VapEcell va permettre d’étudier les spécifications chimiques, physiques et biologiques des produits destinées à l’inhalation ainsi que les conditions de leur utilisation. » Un outil qu’Ingésciences et sa société mère, VDLV souhaitent mettre à la disposition de la recherche universitaire. Pour le moment, des équipes de chercheurs se sont montrées intéressées. « Mais nous aimerions bien qu’une équipe de l’Université de Bordeaux s’approprie l’outil », reconnaît l’ex-doctorante de cette même université.En attendant, Ingésciences qui ne cantonne pas ses activités de recherche et d’analyse aux seuls produits de la vape. Elle est un laboratoire qui se met à disposition des besoins d’ingénierie des procédés, d’analyse de matières premières, ou de mise en conformité issus de nombreux secteurs comme l’environnement, la cosmétologie, les biotechnologies, la santé humaine et animale. Bref Ingésciences est l’incarnation même de ce que l’on appelle un laboratoire open sciences et open ingénierie.

Article original de Pascal Rabiller pour Sud-Ouest

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*
*